Mourir et renaître

Combien de fois sommes-nous morts, pour renaître à nouveau? 
Combien de fois nous sommes-nous réinventés, bien au-delà de ce que l’on pouvait imaginer?
 

A l’amorce du virage qui changera peut-être notre vie à jamais, une confiance fébrile et une imagination débordante : notre système nerveux, en alerte, déploie tous ses mécanismes de défense et émet les pires scénarios, en nous intimant de faire marche arrière.
 

Vivre un moment de transition est toujours un passage inconfortable et éprouvant. Nous l’avons tous vécu, un peu chancelants, comme perdus entre l’espoir flamboyant et l’incertitude dévorante.
De certains de ces passages, je garde un souvenir un brin hébété. Notre cœur en a minimisé la peine, au cas où l’on devrait recommencer. Mais si je dresse le bilan, le constat est sans appel : ça a tellement plus de sens maintenant.
 

Oh, parfois ça démange pendant un moment, on revisite ces transformations avec le cœur comprimé et l’estomac retourné.


Pourtant, bien que l’on cherche à les éviter, quitte à s’empêtrer dans des situations qui nous tuent à petit feu, ces périodes charnières éprouvent nos capacités d’adaptabilité. Le Tantra l’évoque même comme une condition indispensable à notre survie. Le familier n’est pas forcément sensé ni rationnel, mais il peut-être douloureusement confortable.
 Le changement est embarrassant et tourmenté : on perd des habitudes, un rôle, un statut, une moitié, une forme d’identité, des croyances, des attaches. On perd, bien souvent en réalité, une illusion. Celle que quoique ce soit pourrait nous appartenir un tant soit peu.

Ainsi, je perçois l’évolution comme un acte vital, formateur et poétique. 
Elle rebat les cartes et nous commande de regarder les choses en face afin d’initier notre mue. 
Et la vie devient cette toile immense à la fois mystérieuse, déroutante et mirifique, qui se peint en continue.
 

Je nous souhaite qu’elle soit pleine de courbes et de couleurs, de brefs retours en arrière et d’avancées majestueuses. Que cette œuvre soit inspirante, propice au rêve, invitant à la réflexion. Qu’elle incarne l’élégance et la bonté dans ses envolées, ses peines et ses possibilités.